Cette semaine "Un jeune, une voix" s’ouvre à Bachir NIANG SO, un jeune activiste centrafricain. En plus des questions ordinaires posées dans le cadre de cette section, cet étudiant en Sciences sociales et en communication pour le développement à l’université de Bangui nous parle aussi de son pays qui traverse une situation politico-militaire et humanitaire difficile actuellement.
Le 23 mars 2013, votre pays la Centrafrique a connu un nouveau coup d’Etat, après un précédent remontant à mars 2013. Quelle est la situation actuelle dans la zone où vous êtes ?
En effet, Le 15 mars 2003, le général François Bozizé prenait le pouvoir et se proclamait président de la République centrafricaine. Dix ans plus tard, le 23 mars 2013, après plusieurs mois d’une conquête du pays, la Séléka, coalition de divers groupes armés, renverse l’ancien putschiste Bozizé, et son leader, Michel Djotodia, s’autoproclame chef de l’État.
Principale victime de ce jeu politico-militaire, la population souffre depuis des mois : exécutions sommaires, violences sexuelles, attaques ciblées selon l’appartenance religieuse et ethnique, actes de torture, disparitions, recrutement d’enfants soldats, pillages à grande échelle.
Dans les campagnes comme dans les villes, les gens ont fui, soit vers des pays voisins (Tchad, Cameroun, République Démocratique du Congo), soit en brousse, quand ils n’ont pu s’échapper au-delà. Dans la capitale, Bangui, après plusieurs semaines, les pillages et diverses exactions se poursuivent.
Sur le terrain, des organismes des Nations unies, quelques ONG et les Eglises essaient de faire face à la détresse de la population qui manque de tout : soins de santé, alimentation … Dans presque tout le pays, les écoles sont fermées. A l’intérieur du pays, la situation est aussi inquiétante. Bangassou par exemple, dans l’est du pays, n’est plus ravitaillée que par les vols humanitaires : plus d’eau, plus de carburant, donc plus d’électricité. Comment faire fonctionner les centres de santé ? L’argent manque, incontestablement. Mais c’est surtout l’insécurité généralisée qui rend la situation particulièrement précaire et instable dans ce pays de 4,5 millions d’habitants sur 650.000 km².
Crois-tu, comme certains, que le conflit centrafricain est oublié par la communauté internationale? Explique-nous.
Je ne crois pas que ce conflit soit oublié par la communauté internationale. Depuis plus de cinq ans, la République centrafricaine est considérée comme un pays instable, car c’est un pays qui a une périodicité de stabilité très limitée. Et de tout temps, la communauté internationale a apporté ses appuis multiformes pour le rétablissement total du pays. Et donc, tant que la paix durable ne revient pas en RCA, la communauté internationale n’oubliera pas le pays.
En quelques mots, quel est ton engagement citoyen ?
Je suis Président d’une association de protection des droits de l’enfance en République Centrafricaine, Responsable d’IEC (Information, Education et Communication) au centre d’Information d’Education et de Communication pour la Santé sexuelle des Jeunes (CISJEU)
Dans la pratique, mon engagement en tant que jeune se traduit par les activités que je mènent dans le domaine de la promotion de la culture de la paix, la protection de droit de l’enfant, la lutte contre le VIH/SIDA, la lutte contre les violences basées sur le genre. Mais aussi à travers les actions de plaidoyer que je mène dans le monde entier en faveur de l’enfance et de la jeunesse Centrafricaine.
Quels sont les attentes de la jeunesse de ton pays, de ta communauté ?
La jeunesse Centrafricaine veux vraiment que la paix durable revienne dans son pays, rien que la paix, car si elle règne, les jeunes auront la possibilité de s’épanouir et de contribuer d’une manière effective et positive au développement social et économique de la RCA.
En quoi la participation des jeunes est nécessaire pour nos sociétés d'aujourd'hui?
La participation de la Jeunesse est très capitale dans la question de la résolution des conflits, pour le rétablissement et la consolidation de la paix, car les jeunes font aussi partie des acteurs et des victimes des conflits qu’a connu notre pays. Donc, leur participation contribuera effectivement à la restauration et la consolidation de la paix en République centrafricaine.
Quelle est ta devise ou ta phrase/expression préférée?
L’Union fait la Force
As-tu un conseil ou un message à faire passer aux autres jeunes?
Mon message à la jeunesse du monde entier est le unique ; c’est celui de s’unir à travers nos différents domaines et de bâtir ce monde dont le futur nous appartient.